Les causes de la maladie de Crohn demeurent encore floues mais de nombreuses études se tournent le rôle que jouent les bactéries présentes dans les intestins. Des chercheurs ont découvert que deux d’entre elles peuvent interagir avec un champignon et avoir une conséquence néfaste sur l’inflammation.
Une autre hypothèse est avancée, celle du microbiote intestinal, plus précisément d’un déséquilibre de la flore intestinale qui jouerait un rôle dans le maintien et la sévérité de l’inflammation. Cette cible thérapeutique tend à se confirmer après la découverte de chercheurs de l’Université Case Western Reserve de Cleveland qui ont pour la première fois identifié dans une étude un champignon comme facteur clé dans le développement de la maladie de Crohn.
Ces conclusions inédites pourraient conduire à de nouveaux traitements pour les malades qui souffrent de douleurs abdominales sévères, de diarrhées, et de grande fatigue. “Nous savions déjà que les bactéries, jouent un rôle majeur dans le développement de la maladie, explique le Dr Mahmoud Ghannoum, l’un des auteurs de l’étude. En revanche, peu de chercheurs se sont penchés sur les champignons, qui colonisent également les intestins”.
Une mauvaise interaction dans l’intestin
La communauté fongique qui habite le corps humain est connu comme le mycobiome, tandis que celles des bactéries est appelée bactériome. Les chercheurs ont évalué le mycobiome et le bactériome de 20 patients atteints de la maladie de Crohn et ceux de leurs proches en bonne santé, et ceux de 21 personnes en bonne santé vivant dans la même zone géographique et issues de quatre familles différentes. Ils ont pour cela procédé à des analyses d’échantillons fécaux.
Les résultats ont montré une forte interaction entre un champignon (Candida tropicalis) et deux bactéries (Escherichia coli et Serratia marcescens) chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn. Tandis que les personnes de leur famille en bonne santé en étaient exemptes, “ce qui suggère que les bactéries et les champignons interagissent dans les intestins”, selon les chercheurs.
Moins de bonnes bactéries chez les malades
Par ailleurs, ces derniers ont découvert que ces trois organismes travaillent ensemble pour produire un biofilm, une mince couche de micro-organismes, qui adhère aux intestins. Ce biofilm pourrait provoquer l’inflammation qui se traduit par les symptômes de la maladie de Crohn. Enfin, les chercheurs ont constaté que la présence de bactéries bénéfiques était significativement plus faible dans l’intestin des patients atteints de la maladie de Crohn, corroborant les recherches précédentes sur l’importance du microbiome intestinal.
“Parmi des centaines d’espèces bactériennes et fongiques qui habitent les intestins, il est révélateur que les trois que nous avons identifié sont fortement corrélées chez les patients atteints de Crohn”, a déclaré le Dr Ghannoum. Fort de ce constat, les chercheurs évoquent la possibilité d’un traitement sous forme de probiotiques, des micro-organismes vivants qui auraient un effet bénéfique sur une flore intestinale déséquilibrée.
Mais ces derniers ne veulent pas attribuer la cause de la maladie de Crohn à ces seuls biomarqueurs et souhaitent poursuivre leurs recherches car une question demeure: les membres d’une même famille partagent souvent la même alimentation et le même environnement, deux facteurs qui influencent la communauté microbienne de l’intestin. Comment expliquer alors que certains souffrent de la maladie de Crohn et pas d’autres ?
Avec sante magazine