« Bâtir pour l’Afrique » (4/7). L’architecte a conçu une « maison Ubuntu », inspirée d’un concept humaniste issu des langues bantoues qui repose sur la symbiose entre les êtres.
Wandile Mthiyane s’agite sur le siège passager : « C’est là ! On dirait que les inondations n’ont rien détruit, il y a du progrès ! » Au bout du chemin qui serpente à travers les collines verdoyantes des environs de Durban, il désigne une petite maison fraîchement sortie de terre.
En 2014, l’abri en pisé du couple qui vivait sur le terrain avait été emporté par une tempête. Cette fois, les murs ont résisté aux pluies qui ont coûté la vie à plus de 450 personnes en avril. Il n’y a même pas eu besoin d’éponger le sol. Wandile Mthiyane est soulagé : cette maison aux murs orange et blancs est son manifeste.
A 28 ans, le Sud-Africain est à la tête d’un cabinet d’architectes singulier : l’Ubuntu Design Group. Quand d’autres rêvent de bâtir des gratte-ciel, lui veut réparer la société. Né en 1994, Wandile Mthiyane a grandi sur les ruines d’un monde où « l’architecture a été pensée pour oppresser ». Pendant près d’un demi-siècle, sous le régime de l’apartheid, les populations noires ont été parquées dans les townships, loin des centres économiques réservés aux Blancs en dehors des heures de travail.