Les pays de l’OPEP se sont réunis, en informel à Alger les 26 et 27 septembre 2016 au moment où le cours du pétrole est à un niveau relativement bas, coté le 16 septembre 2016 en clôture à 45,99 $ pour le Brent et 43,22 $ pour le WTI, avec un cours euro/dollar à 1,1156. Afin d’éviter l’échec de Doha, la rencontre n’a pas pris de décisions contraignantes et s’est concentrée sur une large concertation.
La problématique essentielle, maintes fois soulevée dans mes contributions, est d’analyser l’impact de l’OPEP face aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales. L’OPEP, malgré ses importantes réserves, représente seulement un tiers de la production mondiale commercialisée avec une influence déclinante. Selon les statistiques internationales, les neuf plus grands producteurs par ordre décroissant en 2015 sont l’Arabie saoudite, les Etats-Unis, la Russie, la Chine (que l’on ne cite pas souvent en tant que producteur), le Canada, l’Iran, les Emirats arabes unis, l’Irak (qui a les capacités de l’Arabie saoudite), le Koweït… Viennent ensuite le Nigéria, le Venezuela, le Brésil, l’Angola, le Kazakhstan, le Qatar, la Norvège et l’Algérie, avec un quota de 1,2 million de barils/jour sur environ 33 millions de l’OPEP, la Colombie, Oman et la Libye (qui est loin de ses potentialités du fait de la guerre civile). Les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, ont en effet fait savoir à plusieurs reprises qu’ils n’accepteraient de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel, notamment la Russie dont la production a atteint dernièrement un niveau record, s’engageaient également dans cette voie. Tout au plus, l’on devrait s’attendre à un gel en cas d’entente entre, d’une part, la Russie et l’Arabie saoudite et, d’autre part, entre l’Iran qui a besoin de financement et l’Arabie saoudite. Mais à l’avenir, tout dépendra de la croissance de l’économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents (Argentine-Brésil-Inde (½%), surtout la Chine, 7% de taux de croissance) explique la faiblesse de la demande. Doit être pris en compte du côté de l’offre l’entrée de nombreux producteurs sur le marché, dont le Nigéria, la Libye pouvant aller jusqu’à 2 millions de barils/jour et venant d’annoncer le 15 septembre 2016 à la veille de la réunion informelle OPEP d’aller rapidement vers une exportation de 1 million de barils/jour (pétrole léger identique à celui de l’Algérie) et du retour de l’Iran qui avec la Russie domineront le marché Asie. Mais attention au cas de l’Irak avec 3,7 millions de barils/jour (deuxième réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) qui peut aller vers plus de 8/9 millions, et plus de 4/5 millions à moyen terme et à terme, en cas de stabilisation politique, poser plus de problèmes à la discipline de l’OPEP que l’Iran qui veut revenir à son ancien quota de plus de 4 millions de barils/jour avant l’embargo. Mais c’est surtout l’introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui a bouleversé toute la carte énergique mondiale (les nouvelles technologies ayant réduit substantiellement les coûts de plus de 30/40% ces dernières années contrairement à certaines prévisions, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à plus de 10 actuellement, qui agit sur l’offre non concerné par la rencontre d’Alger et qui en 2016 est devenu exportateur vers l’Europe.
La suite à lire dans le prochain numéro du magazine.
DR ABDERRAHMANE MEBTOUL, EXPERT INTERNATIONAL |
Avec lesafriques